▎23 septembre • 9 octobre 2022
GRAN LUX
11 bis, rue de l’égalerie
42100 Saint-Étienne
tramway T1 & T3 : arrêt place Bellevue
adhésion Coxa-Plana 2022 : 2 €CB • pas de règlement par CB.
Carnet Culture & Saintépass acceptés.
1 8 1/2
Federico Fellini 35mm
2 Fellini G. Mastorna
Film Base double-écran 16mm
3 Shining
Stanley Kubrick 35mm
4 Intérieur
Film Base
double-écran superposé 16mm
5 Littérature fantôme
Nicolas Giraud conférence
6 Architectures des cinémas
Marc Crunelle conférence
7 Amarcord
Federico Fellini 35mm
8 Dune
David Lynch35mm
—
Hommage à Youssef Ishaghpour :
9 Proche et lointain
Youssef Ishaghpour
exposition photographique
10 Walden
Jonas Mekas 16mm
11 Othello
Orson Welles 35mm
12 F for fake
Orson Welles 35mm
13 Kiss
Face
Velvet Underground in Boston
Andy Warhol 16mm
—
14 Strip-tease & bagarre 16mm
Jack Stevenson 16mm
15 Luna park dutch trip:
rétrospective Gerard Holthuis
Hong Kong
City at night (AMS)
SFO (The West)
Careless reef part 1: Preface
Careless reef part 2: Abu Kiffan
Careless reef part 3
Careless reef part 4: Marsa Abu Galawa
35mm
—
Hommage à Youssef Ishaghpour :
13 Kiss
Face
Velvet Underground in Boston
—
Andy Warhol
16mm
15 Luna park dutch trip:
rétrospective Gerard Holthuis
Hong Kong
City at night (AMS)
SFO (The West)
Careless reef part 1: Preface
Careless reef part 2: Abu Kiffan
Careless reef part 3
Careless reef part 4: Marsa Abu Galawa
Gerard Holthuis
35mm
1
8 1/2
▎Federico Fellini
OTTO E MEZZO
1963 – Italie – 35mm film – N&B Ferrania – 1,66:1 – mono – VOSTFR – 138 minutes
scénario : Fellini, Pinelli, Flaiano, Rondi
photographie : Gianni De Venanzo
décors et direction artistique : Piero Gherardi
montage : Leo Cattazzo / musique : Nino Rota, Rossini, Wagner… / producteur : Angelo Rizzoli
avec Marcello Mastroianni, Anouk Aimé, Sandra Milo, Claudia Cardinale, Barbara Steele…
–
Guido est un cinéaste en panne d’idées. Il s’est réfugié dans un établissement thermal pour tenter de reprendre pied. Seul ? Non. Tout et tous s’invitent et ajoutent à la bella confusione (le beau désordre) : amis, producteurs, souvenirs, rêves, parents, visions, religions, amours, fantasmes, critiques, enfance, magicien, impresario, muse, etc.
Mais pourquoi avoir lancé la construction du décor de cet immense astronef ?
–
« Souviens-toi que c’est un film comique. » : c’est la phrase scotchée par Fellini juste au-dessus de l’œilleton de la caméra de Huit et demi. Si « réaliser un film, c’est comme écrire Guerre et Paix dans des autos tamponneuses », et si les affres de la création en ont laissé plus d’un(e) sur le carreau… le plus grand danger pour l’artiste, c’est de se prendre trop au sérieux.
Après la Dolce Vita, fresque noire déconstructiviste de trois heures qui préfigure notre société du spectacle et remporte un succès mondial, que peut faire Fellini ? That is the question. Un autre film ? Quel autre film ? Page blanche, mon beau miroir, dis-moi quelque chose.
– Asa Nisi Masa.
– Che cosa? …Asa Nisi Masa?… Ma sì!
Alors, épaulé par ses acolytes scénaristes, une équipe technique quatre étoiles et un casting à faire pâlir l’Olympe, Fellini décide de filmer ce qui se passe dans sa tête.
8,5 est une splendeur visuelle. Les mouvements de caméra : des pensées de haute intensité. État de grâce.
La pellicule Ferrania P30 qui coule dans les veines de la caméra Arriflex IIC donne vie à une image noir et blanc encore jamais vue.
8,5 est aussi un film qui unit tous les cinéastes. Il reste le film-chiffre unique, le fétiche d’une communauté qui fait un drôle de métier.
Quant à vous, chers spectateurs, votre taux d’albumine est en berne ? Votre moral de cinéphile raplapla ? Otto e mezzo est la cure de cinéma qu’il vous faut. Suivez le guide : « Marcello ! »
Andiamo.
samedi 24 septembre • 20.30
dimanche 2 octobre • 20.30
jeudi 6 octobre • 20.00
2
FELLINI G. MASTORNA
▎Film Base
2007 – France – 16mm film – N&B & couleurs Kodak – double écran – bande-son réalisée en direct – 31 minutes
laboratoire : Atelier MTK, Color by Dejonghe
avec Philippe Kopp, Yannick Jeudi, Adilia Carvalho, Linda Roux, Abiba Zerarga, Marion Villemagne, Gaëlle Joly, Karine Dufour, Laurent Delage, Christophe Vailati, etc.
–
Chaque réalisateur a son film maudit. Un voyage tellement extraordinaire qu’il ne peut jamais être mené à son terme : impossible. Fellini nomma le sien : Le voyage de G. Mastorna.
De ce nom aperçu sur l’étiquette d’une valise à l’aéroport naquit un au-delà qui mit notre maestro KO. Direction l’hôpital.
Ce double écran nous entraîne dans la tête de Federico avant, pendant et après ce combat. C’est une enquête filmée en studio : une multiplication effrénée d’instantanés de tournages, d’archives magiques.
vendredi 30 septembre • 22.30
samedi 1° octobre • 22.30
3
SHINING
▎Stanley Kubrick
THE SHINING
1981 – États-Unis/GB – 35mm film – couleurs Kodak – 1,85:1 – mono – VOSTFR – 119 minutes
scénario : Stanley et Diane Jonhson d’après le livre de Stephen King / photographie : John Alcott
décors : Roy Walker
opérateur et inventeur du Steadicam : Garett Brown
musique : Wendy Carlos, Berlioz, Ligeti, Bartok, Penderecki
production : Warner Bros
avec Jack Nicholson, Shelley Duval, Danny Lloyd, Scatman Crothers, Philip Stone, Joe Turkel…
–
Écrivain, Jack est engagé comme gardien d’un grand hôtel coupé du monde tout l’hiver – l’Overlook – où il espère surmonter enfin sa panne d’inspiration.
Il s’y installe avec son épouse Wendy et son fils Danny.
Un gardien précédent a tué sa femme et ses deux filles avant de se suicider. Et alors ? Ne me dérangez pas, j’écris. Je crée.
–
Shining c’est la version kubrickienne de 8.5 déguisée en film d’horreur. Un déguisement très réussi, encore jamais vu. Si tous les procédés du cinéma « qui fait peur » sont convoqués, c’est pour leur tordre le cou. Résultat : on ne sait plus sur quel pied danser. Tout peut ou ne peut pas arriver. Cette histoire est folle ou trop réelle. Papa, maman et le petit Poucet prisonniers d’un cimetière indien ? Boucle d’or. Sans fin. Rewind. Play.
Prisonnier d’un film-cerveau qu’aucune nouvelle vision n’épuise. Film-cerveau qu’aucune nouvelle vision n’épuise. Film qu’aucune nouvelle vision n’épuise. Jack, c’est Stanley dans la peau d’Homer qui poursuit Bart avec une caméra sur coussin d’air.
Construit dans les studios d’Elstree, dans la banlieue de Londres, le décor de l’hôtel Overlook est redoutable. EXIT partout. Issue nulle part. Vous avez plus de chance d’échapper au champ gravitationnel d’un trou noir. Labyrinthe. Lumière de ma vie. Je ne vais pas te faire de mal. Je vais juste t’éclater la cervelle.
Tout va bien.
–
Exclusivité : Warner nous a confié la dernière copie 35mm vostfr existante avec le montage de 119 minutes voulu par Kubrick. Après nous, le déluge : seule la version américaine (neuneu + 25 minutes inutiles) sera disponible. Trois petits tours et puis s’en vont.
vendredi 23 septembre • 20.30
mercredi 5 octobre • 20.00
samedi 8 octobre • 22.00
4
INTÉRIEUR
▎Film Base (Saint-Étienne)
2009 – France – 16mm film – N&B & Agfacolor – 2 écrans superposés – bande-son réalisée en direct – 12 minutes
–
La visite débute par une exposition bordélique de toiles américaines. Après, c’est trop tard, vous êtes enfermés à double tour dans l’Overlook. C’est trop tard ! Avez-vous le shining ?
samedi 1° octobre • 22.30
samedi 8 octobre • 20.30
5
LITTÉRATURE FANTÔME • ‘Shining’ comme machine à écrire
▎Nicolas Giraud
CONFÉRENCE
–
Cette conférence visuelle envisage le personnage de Jack Torrance sous l’angle de l’écriture.
À partir de ses aspirations d’écrivain, elle interroge la place de l’écriture au cœur du film de Kubrick.
TYPOKUBRICK : machine à écrire Triumph-Adler champagne pour Jack, Tippa-Adler jaune vif pour Stanley, toutes deux siglées d’un aigle allemand.
–
Cet exposé sera suivi d’un film : All work (2008 – numérique – couleurs – 14 min.)
–
Nicolas Giraud est artiste et théoricien.
Il a consacré plusieurs travaux à Shining et est notamment l’auteur du livre All work and no play (édition CNEAI/boabooks).
–
ngiraud.com
samedi 24 septembre • 17.30
entrée gratuite
6
ARCHITECTURES DES CINÉMAS ou : ce bâtiment a-t-il été un ancien cinéma ?
▎Marc Crunelle
CONFÉRENCE VISUELLE
–
Promenade à travers le temps (des premiers lieux de projection aux multiplexes), les styles (art déco, mauresque, chinois, égyptien…), les villes (Bruxelles, Paris, Venise, Porto, Stockholm, Thiruvananthapuram…), les noms (Pagode, Luxor, Eldorado, Dixy…), les apparats (néons, calicots, enseignes, auvents…) pour en arriver à aujourd’hui : si la majorité des cinémas avec du style ont été détruits, que sont devenus ceux qui restent encore debout ?
De nouvelles activités y ont pris place, occupant ces vastes surfaces disponibles au cœur des villes pour les transformer en supermarché, dancing, théâtre, magasin de matériaux de construction, épicerie fine, restaurant, droguerie, église, mosquée, Monoprix, etc.
Lors de nos balades citadines, comment les repérer, les reconnaître ? Quels indices rechercher ?
Cette enquête nous entraînera en Europe, en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie et s’achèvera là où les repères sont complètement chamboulés !
–
Marc Crunelle est docteur en psychologie de l’espace et professeur à l’Institut Supérieur d’Architecture Victor Horta de Bruxelles. Architecte, il a aussi touché à la matière via l’ébénisterie et la sculpture. La spatialogie, née en Grèce en juillet 1992, est l’un de ses chevaux de bataille. Voyageur infatigable, il a entre autres publié Histoire des cinémas bruxellois en 2003.
samedi 24 septembre • 17.30
entrée gratuite
7
AMARCORD
▎Federico Fellini
1973 – Italie – 35mm film – couleurs Kodak & Technicolor – 1.85:1 – mono – VOSTFR – 123 minutes
scénario : Federico & Tonino Guerra
photographie : Giuseppe Rotunno
décors & costumes : Danilo Donati
montage : Ruggero Mastroianni
musique : Nino Rota / production : Franco Cristaldi
avec Bruno Zanin, Magali Noël, Pupella Maggio, Ciccio Ingrassia…
–
La vie d’un petit bourg de la côte adriatique où la vie est scandée par le rythme des saisons, les événements politiques (le fascisme triomphant), le quotidien des habitants et des faits extraordinaires…
Filmée juste après le trip Fellini Roma, cette chronique satirique lui emprunte ses allures de reportage fictionnel. La caméra de Rotunno (l’un des plus grands directeurs de la photographie) sert de médiatrice entre Fellini et ses souvenirs. Il ne souhaite pas reconstituer sa vie d’adolescent provincial mais plutôt la réinventer.
Se remémorer, c’est extrapoler, exagérer, déformer, mélanger le vrai, le faux. Les images loufoques croisent une marche funèbre. On avance à tâtons et puis soudain, au sortir du brouillard, une grande lueur fend les flots.
Petite bourgeoisie entre Église et Duce, premiers émois sexuels, séance au cinéma Fulgor, folie, mariage, brouillard magique… Abandonnez-vous à la torpeur d’un songe construit de toutes pièces dans le Studio n°5 de Cinecittà, Roma.
samedi 1° octobre • 20.30
dimanche 2 octobre • 17.00
8
DUNE
▎David Lynch
1984 – Mexique/USA – 35mm film – couleurs Kodak & Technicolor – Cinemascope 2.35:1 – VF – 137min.
scénario : Lynch d’après l’œuvre de Frank Herbert
photographie : Freddie Francis : musique : Toto, Brian Eno/ production : De Laurentis & Estudios Churubusco Azteca S.A. / avec Kyle MacLachlan, Freddie Jones, Brad Dourif, José Ferrer, Silvana Mangano, Max von Sydow, Kenneth McMilan, Sting…
–
En l’an 10191 : l’affrontement de deux maisons, les Atréides et les Harkonnen, pour le contrôle de la planète Arrakis, où l’on récolte l’Épice, précieuse substance psychotrope qui assure la longévité et permet de voyager dans l’espace.
–
Studio géant Churubusco Azteca de Mexico. On construit d’immenses décors en dur, bois et or.
Les meilleurs artisans sont à la tâche. Les lumières somptueuses ajoutent à la chaleur accablante du pays.
Le dormeur doit se réveiller.
Lynch marche dans les pas de son maître, Fellini. Il a la possibilité d’inventer un monde de A à Z version XL, d’user des artifices (délices) du tournage en studio. Il a aussi trouvé son Mastroianni en la personne de Kyle MacLachlan, à côté duquel Timothée Chalamet (qui tient le même rôle dans l’adaptation aseptisée de Dune par Denis Villeneuve) est invisible.
Pensées chuchotées, rêves malaisés, sensations et visions bizarres, ce Dune est une œuvre extravagante, cabossée, entre le grandiose et le kitsch. Elle s’enfonce dans les sables… Les producteurs, la famille De Laurentis (La strada, Mastorna…), ne veulent pas de la version de 4 heures.
Lynch joue un petit rôle dans le film, il s’écrie : « Maudite soit l’Épice ! ».
–
Cette séance, c’est un bâton d’encens pour Christophe Vailati, artiste plasticien brillant et fidèle adhérent de la première heure de notre association. Il nous a quittés. Il nous manque.
vendredi 7 octobre • 22.00
*
HOMMAGE À YOUSSEF ISHAGHPOUR
–
Youssef Ishaghpour, théoricien (écrivain) audacieux des arts et du cinéma en particulier, était venu nous voir (“en repérages“) pour réfléchir à l’accrochage de ses photographies au Gran Lux.
Nous préparions également ensemble une programmation cinématographique, une conférence et l’édition d’ inédits. Orson Welles (l’une de nos passions communes) aurait été le cœur de ces 4 jours de cinéphilie intense.
Youssef Ishaghpour est décédé à Paris le 15 octobre 2021.
Nous vous invitons à l’exposition photographique promise et à quelques projections de films en pellicule
de W à W :
de Welles à Warhol, artiste à qui il avait consacré son dernier ouvrage.
*
Merci à l’association Les Amis de Youssef Ishaghpour.
9
EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE
PROCHE ET LOINTAIN
▎Youssef Ishaghpour
–
Après 37 années d’un dur labeur, Youssef Ishaghpour met un point final à sa grande œuvre, Orson Welles, cinéaste, une caméra visible (1963 – 2000), Éditions de la Différence.
Aucun autre cinéaste n’a jamais suscité une monographie aussi brillante et imposante (3 Tomes, 1971 pages). Never.
En attendant la relecture sur épreuves de cette somme, Youssef Ishaghpour se promène au bord de la mer bretonne. Il a ressorti son appareil photo.
Désorienté (37 ans, et après ?), il multiplie les clichés de repérages (plusieurs centaines de pellicules diapositives), en vue d’une adaptation cinématographique improbable de Moderato cantabile de Duras.
Une sélection de ces photographies Kodachrome sera ensuite tirée selon le procédé Cibachrome, méthode de tirage photographique couleur à partir d’un film inversible (diapositive). Piqué, respect des couleurs somptueuses du Kodachrome, pérennité d’archivage…
Après quatre livres et deux expositions, ces photographies s’invitent dans l’obscurité (tenebris) du Studio du Gran Lux.
« Il faut que le vrai vide soit plus pleinement habité que le plein. Car c’est lui qui, sous forme de brume, de nuages et de souffles invisibles, porte toutes choses, les entraînant dans le processus de secrètes mutations », disaient les paysagistes chinois qui pratiquaient essentiellement le format vertical comme les photos de cette présente exposition.é
* Depuis novembre 2017, le Cibachrome n’est plus.
23 septembre • 9 octobre 2022
vernissage : jeudi 29 septembre • 18.30
10
WALDEN
▎Jonas Mekas
1968 – États-Unis – 16mm film couleurs Kodachrome – 1.37:1 – mono – VOSTFR – 177 minutes
avec une caméra Bolex, Timothy Leary, Jack Smith, Nico, Edie Sedgwick, Andy Warhol, Norman Mailer, John Lennon, Yoko Ono, Stan Brakhage, John Cale, Carl Theodor Dreyer, Ken Jacobs, Peter Kubelka, Adolfas Mekas, Hans Richter, …
–
6 bobines de film : j’ai coupé mes cheveux – Gregory film galaxie – dans les bois – un voyage dans le New Jersey – je trouve une crotte de lapin – la fille en rouge – mariage de Wendy – peace march at night – Nouvel An chinois – police violence – rêves de Jean Cocteau – Hare Krishna – Time Square la nuit – etc., etc.
–
« Depuis 1950, je n’ai cessé de tenir mon journal filmé. Je me promenais avec ma Bolex en réagissant à la réalité immédiate : situations, amis, New York, saisons. Certains jours, je tournais 10 plans, d’autres jours 10 secondes, d’autres 10 minutes, ou bien je ne tournais rien… Walden contient le matériel filmé de 1964 à 1968 monté dans l’ordre chronologique. La bande-son utilise les sons enregistrés à la même époque : voix, métro, bruits de rues, un peu de Chopin ou d’accordéon… »
Walden est aussi le meilleur film promotionnel pour deux outils sans équivalent : la caméra 16mm Bolex (œil sauvage qui se remonte à la main) et la pellicule Kodachrome. Leur union n’accouche pas d’une petite chronique intimiste un peu branlante mais d’une ample fresque cinématographique. C’est fou tout ce que l’on peut faire avec cette petite caméra suisse. Et, comment ne pas rester pantois devant ces fragments de monde vus à travers le prisme des couleurs Kodachrome (ces bleus©, ces verts©, ces rouges©…) : gorgeous, merveillous, wahous… C’était la vie quotidienne en Technicolor à la portée de toutes les bourses.
Cette petite fleur entre rubis et framboise ou le visage de Mathilde baigné des rayons d’un soleil d’après l’orage. L’œil électronique ne saura que singer leur essence, quel que soit son nombre de K. La vie numérique est un plat qui se mange froid.
Alors, promenons-nous dans les bois… de Walden.
᚛ Tout autour de la planète, on fête les 100 ans de la naissance de Jonas Mekas :
jonasmekas100.com
dimanche 25 septembre
17.30 • 1re partie
20.30 • 2de partie
11
OTHELLO
▎Orson Welles
LA TRAGÉDIE D’OTHELLO : LE MAURE DE VENISE
d’après William Shakespeare
1951 – États-Unis/Italie – 35mm film – N&B – 1.37:1 – mono – VOSTFR – 89 minutes
de Orson Welles
photographie : Anchise Brizzi, Aldo Graziati
décors : Alexandre Trauner
avec Orson Welles, Micheál Mac Liammóir, Suzanne Cloutier, Robert Conte…
–
Venise.
Le film commence avec les funérailles du Maure Othello, général victorieux au service de la sérénissime, et de Desdémone. Elle n’avait jamais cessé de l’aimer. Jamais. Mais…
« Je crois en l’existence de ce que désigne le mot le plus démodé du monde, c’est-à-dire le mal (…). Il y a des démons dans l’air, vous savez. » Ici, le mal s’appelle Iago. En comparaison, les autres méchants de cinéma sont des bouffons. Ses mots valent mille poignards.
/
« Tourné durant près de deux ans (1949-1951), au Maroc et en Italie, dans des conditions d’improvisation constantes qui ne contribuent certainement pas peu à l’extraordinaire vitalité d’un film qui fait de la dislocation la clé de son esthétique. De même que Welles inaugurait sa carrière américaine de cinéaste en portant à son plus haut point de perfection l’esthétique du raccord qui caractérise dans une large mesure le cinéma classique (Citizen Kane), il inaugure avec Othello sa période européenne en portant immédiatement à son sommet l’esthétique du non-raccord qui gouvernera désormais la plus grande partie de son œuvre. » Y.I.
« Pour mon style, pour ma vision du cinéma, le montage n’est pas un aspect, c’est l’aspect. (…) Le seul moment où l’on peut exercer un contrôle sur le film est le montage. » O.W.
C’est comme si le film était projeté sur un miroir brisé : la multiplicité mobile des perspectives (architecturales) étourdit. On n’ose cligner des yeux.
L’élan tragique d’Othello, sa poignante vulnérabilité, la manière dont la jalousie entre en lui, le ronge et le désarçonne… c’est aussi nous. C’est la poésie extralucide de William Shakespeare.
Chantons le saule, le saule, le saule.
Ses larmes coulaient amères,
Attendrissaient les rochers
Chantons le saule vert
Que ses feuilles soient ma couronne.
jeudi 29 septembre • 20.00
dimanche 9 octobre • 20.30
12
F FOR FAKE
▎Orson Welles
VÉRITÉS ET MENSONGES
1973 – Iran/France/Allemagne – 35mm film – couleurs Eastmancolor – 1.66:1 – mono – VOSTFR – 85 min.
photographie : Gary Graver
musique : Michel Legrand
avec Orson Welles, Oja Kodar, Elmyr de Hory, Clifford Irving, Howard Hughes, Pablo Picasso, Nina van Pallandt…
–
C’est l’histoire du génie des peintres faussaires qui rencontre un autre faussaire qui, lui, croise la route d’un milliardaire que personne n’a vu. Nous sommes à Ibiza (où Walter Benjamin bronze et pense à sa trouvaille sur l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique), à Chartres (où quelqu’un a tagué sur la cathédrale :
« l’image-communication-marchandise remplace la réalité et fait gagner des montagnes de sous »), à Paris, Vegas et sur la Côte d’Azur.
Tous les personnages de cette enquête jouent leur propre rôle. Tous ont à cœur de tromper experts et marchands d’art, d’armes, de pétrole ou de spaghettis.
Métazizique : « L’art est la magie délivrée du mensonge d’être vrai. » Adorno
Welles réalise ce film en se servant dans les poubelles de rushes d’un autre réalisateur. Avec la patience d’un chiffonnier et sa cape de prestidigitateur, il invente le cinéma du futur. Il teste nos cerveaux alanguis, galope, escamote, s’amuse et disparaît à jamais avec la clé. Pschitt.
vendredi 30 septembre • 20.30
dimanche 9 octobre • 17.30
13
ANDY WARHOL 16MM
Le cinéaste Warhol est méconnu. Andy a travaillé dur pour autoproduire et réaliser cette œuvre-fleuve (une centaine de films 16mm entre 1963 & 1969). Il a commencé muet, à 16 images par seconde, est passé au 24 i/s, a ajouté du son, la couleur, puis il a multiplié les écrans – expanded cinema.
C’est aussi toute une faune polymorphe qui a été très sérieusement documentée, enregistrée. Tout les laissés hors cadre du cinéma officiel pouvaient agir, parler, s’aimer… sans fards ni faux-semblant devant sa caméra Bolex. La Factory et ses superstars, c’est Hollywood et ses stars enfin sorties du placard ; deux usines à rêves hyperactives par la magie des stupéfiants… It’s work, It’s work.
᚛ Merci au MoMA, Museum of Modern Art (New York).
13
KISS
1963 – États-Unis – 16mm film – N&B – 1.37:1 – 16i/s – muet ou sonore – 58 minutes
avec une caméra Bolex, Rufus Collins, Naomi Levine, Gerard Malanga, Ed Sanders, John Palmer, Jane Holzer…
–
Des couples mixtes, gays, lesbiens, transgenres s’embrassent, se roulent des pelles, du bout des lèvres ou à pleine bouche, chacun son style, son appétit, sa gourmandise. Chaque baiser est comme une petite « pièce ». Une relation quasi interactive s’installe entre les couples et les spectateurs : envie de « goûter » ?
–
mercredi 28 septembre • 20.00
samedi 8 octobre • 20.30
13
VELVET UNDERGROUND IN BOSTON
1967 – États-Unis – 16mm film – couleurs Kodak – 1.37:1 – 24 i/s – mono – 33 minutes
avec une caméra Bolex, John Cale, Sterling Morrison, Lou Reed, Edie Sedgwick, Maureen Tucker…
–
The Velvet Underground joue dans la boîte de nuit The Boston Tea Party, une adresse phare du mouvement psyché.
Larsens et stroboscope, accélérations, superpositions, zooms violents et flashes sonores, on croit entendre Venus in furs, Run Run Run, Heroin, Guess I’m…… Le public plane avec ou sans velours. C’est le seule séquence en couleur connue du groupe.
–
mercredi 28 septembre • 20.00
vendredi 30 septembre • 22.30
13
FACE
1966 – États-Unis – 16mm film – N&B – 1.37:1 – 24i/s – mono – 70 minutes
avec une caméra Bolex et Edie Sedgwick
–
Il y a des êtres qui accrochent la caméra et le regard quoi qu’ils fassent, et même s’ils ne font rien. C’est inné. Un don ? Edie, alter ego d’Andy, n’est jamais « en représentation » ; elle bouge tout le temps, le visage et le corps ; la mobilité de ses expressions ne cesse de surprendre. A face. Un visage, c’est une tempête, un paysage : la pierre angulaire du cinéma.
*
Merci au MoMA, Museum of Modern Art (New York).
dimanche 2 octobre • 18.00> séance annulée
14
STRIP-TEASE ET BAGARRE 16MM
▎Jack Stevenson
16mm film – N&B – mono – 27 minutes
–
Avec Candy Barr, stripteaseuse et danseuse du burlesque américain, The apple knockers and the coke bottle, film utilisé par le cinéaste Bruce Conner dans Marilyn times five et de sacrés beaux gars luisants en slips moulants, etc.
mercredi 28 septembre • 20.00
᚛ Merci à Jack Stevenson (Huset Biograf, Copenhague)
15
LUNA PARK DUTCH TRIP
▎rétrospective GERARD HOLTHUIS
Gerard Holthuis (1952) a commencé comme sculpteur et s’est orienté vers l’image en mouvement et le son à la Free Academy de La Haye. Dans les années 80, il a travaillé comme monteur, caméraman et directeur de production. Il a été cofondateur de la Filmstad Foundation, un atelier pour les cinéastes expérimentaux. Globe-trotter, c’est un adepte du cinéma forain.
En France, nous ne connaissons que le premier et le dernier film de cette rétrospective. Vus, revus, en boucle. Ce sont des tubes. Inusables et tous publics.
La salle de cinéma a-t-elle un avenir ? Après cette séance, le sourire un peu bête et les jambes flageolantes, vous ne vous poserez plus la question. « Encore ! » Avis aux producteurs…
Attention, il n’y aura pas de deuxième tour.
HONG KONG
1999 - 35mm film - N&B - sonore - 13 minutes
–
Atterrir ou décoller de l’ancien aéroport hongkongais de Kai Tak était à chaque fois une gageure, une expérience limite pour les passagers comme pour les habitants.
Sa situation intra-urbaine imposait aux Boeing, Airbus et autres Jumbo-jets de raser la ville de près… Symphonie de réacteurs et halte bouddhiste, images incandescentes, les poils de vos bras se hérissent de plaisir. C’était le XXe siècle.
–
CITY AT NIGHT (AMS)
2000 - 35mm film - N&B - sonore - 9 minutes 27 secondes
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La caméra se déplace le long des couloirs d’un parking, emprunte un canal, un tunnel… Une chasse à l’homme ? La visite d’un ovni ?
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SFO (THE WEST)
2000 - 35mm film - N&B - sonore - 10 minutes / montage : Nathalie Alonso Casale / son: Kees Van der Knaap / musique: Hieronymus Wouter
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Ce documentaire expérimental est un road movie qui transperce le Far West américain. Plaines sèches lunaires, cactus building, piscine sortie de nulle part… De Monument Valley à Joshua Tree, de la Vallée de la mort à nos plus lointains souvenirs de cinéma.
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CARELESS REEF PART 1 : PREFACE
2005 - 35mm film - N&B - sonore - 4 minutes / camera: Hein van Liempd / son : Guy Amitailight, Rob Lagendijk
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Plongée dans un visage.
–
CARELESS REEF PART 2 : ABU KIFFAN
2005 - 35mm film - couleur - sonore - 7 minutes 52 secondes / son : Telcosystems
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Noyés de son, nous flottons au dessus du récif d’Abu Kiffan, près de Safaga en Égypte.
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CARELESS REEF PART 3
2006 - 35mm film - couleur - sonore - 9 minutes / post-production numérique: Reinier van Brummelen / son : Telcosystems, Guy Amitai, Gerard Holthuis
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L’homme est né de la mer et il en a perdu la mémoire… Sous la surface de l’eau, nous sommes la caméra : c’est un retour aux origines.
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CARELESS REEF PART 4: MARSA ABU GALAWA
2004 - 35mm film - couleur - sonore - 13 minutes / assistant montage : Machteld Blom / musique : Abdel Baset Hamouda
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Mer Rouge. Une chanson du musicien égyptien Abdel Basset Hamoud sort des enceintes plein pot. Le commandant Cousteau est sous acide. Faune et flore sous-marines ondulent, se déchaînent. Flickers aquatiques. Ultime parade.
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vendredi 7 octobre • 20.30
᚛ Merci au Eye Filmmuseum (Amsterdam). Fondé en 1946, le Eye occupe aujourd’hui
un sublime bâtiment (agence d’architecture
viennoise Delugan-Meissl) sur la rive nord
du l’Ij, juste en face de la gare centrale, à
Amsterdam.
Courez-y !