▎29 septembre • 11 octobre 2021
GRAN LUX
11 bis, rue de l’égalerie
42100 Saint-Étienne
tramway T1 & T3 : arrêt place Bellevue
adhésion Coxa-Plana 2022 : 2 €CB • pas de règlement par CB.
Carnet Culture & Saintépass acceptés.
1
Concrete music
Jérémy Chevalier performance sonore
2
Full metal jacket
Stanley Kubrick 35mm
3
L’Anguille
Shohei Imammura 35mm
4
La Vengeance est à moi
Shohei Imamura 35mm
5
L’Héroïque lande
Nicolas Klotz & Élisabeth Perceval DCP
6
Profit motive and the whispering wind
John Gianvito DCP
7
Os corpos
Eloy Dominguez Seren DCP
8
Les Statues meurent aussi
Alain Resnais, Chris Marker & Ghislain Cloquet DCP
9
‘Programme Ethno-Afrique’
Afrique-sur-Seine • Paulin Soumanou Vieyra & Mamadou Sarr 16mm
Kalla • François Villiers 16mm
Mais où sont les nègres d’antan • Michel Boschet & André Martin 16mm
Yenendi, les hommes qui font la pluie • Jean Rouch 16mm
10
‘Programme Ethno-Transe’
Tender feet • Fern Silva 16mm
Les Maîtres fous • Jean Rouch 16mm
Wayward fronds • Fern Silva 16mm
La Taranta • Gianfranco Mingozzi 16mm
11
L’Arbre aux sabots
Ermanno Olmi 35mm
12
Vittorio De Seta • ‘Programme 35mm’
Pastori a Orgosolo
Giorno in Barbagia
I dimenticati
13
Vittorio De Seta • ‘Programme 16mm’
Lu tempu di li pisci spata
Isole di fuoco
Parabola d’oro
Pasqua in Sicilia
Surfarara
Contadini del mare
Pescherecci
Wayward fronds
Fern Silva
16mm
Pescherecci
16mm
*
ÉDITO
Cet été, tandis que je confiai à ma copine la fourmi mon désarroi face au pouvoir autodestructeur de mon espèce, voilà ce qu’elle me répondit : « Le poisson ne peut échapper aux profondeurs aquatiques. »
Extinction des feux ?
Depuis quelques années, c’est un peu ce à quoi vous assistez ici, au Gran Lux. Nombreux sont les films qui y sont projetés pour la dernière fois (ou presque) selon le rituel pour lesquels ils ont été spécifiquement conçus.
Des films fabriqués en pellicule qui rejaillissent sur l’écran grâce à un projecteur, sa lumière intense, son miroir, ses rouages, sa mystérieuse croix de Malte, tout un système mécanique-optique en communication intense avec votre cerveau.
Si les ressources du format 16mm (distribution & création contemporaine) n’invitent pas encore à la panique, il en va tout autrement du 35mm*.
Pour faire court, vous avez été et serez encore au cours de cette session parmi les derniers terriens à accéder à la réalité plastique et physique des créations d’Imamura, de De Seta, de Kubrick et de leurs fidèles collaborateurs.
Perdus au milieu de 7,8 milliards d’âmes, blottis dans une grotte, les adhérents d’une obscure association stéphanoise vivent une drôle de situation.
Photogramme par photogramme,
une vie intense vacille.
Derniers témoins, nous sommes chanceux.
* Les sources d’approvisionnement se tarissent.
1
CONCRETE MUSIC
▎Jérémy Chevalier
PERFORMANCE SONORE
XXI° siècle • Suisse • 40 min.
–
2 platines disque et une colonne de 33 tours en béton.
Les musiques analogiques mutent. À la recherche de notre patrimoine sonore enfoui,
nos oreilles jouent les archéologues.
Musique-matière concrète / filtres / musique altérée, sortant des entrailles de la matière : c’est comme si on essayait de creuser dans le béton. Le grésillement d’une pluie invisible tombe sur les ruines d’une discothèque oubliée.
Les nappes vous happent.
Vous êtes tranquillement ailleurs, ailleurs en vous.
Jérémy Chevalier (qui est aussi projectionniste) : « Parfois, après certaines de mes performances, les gens se demandent : est-ce qu’il l’a fait exprès ou pas ? Je pense qu’au fond, c’est ce doute que je recherche. »
2
FULL METAL JACKET
▎Stanley Kubrick
1987 – États-Unis – 35mm 1:66 – sonore – vostfr – 116 min.
scénario : Michael Herr, Stanley et Gustav Hasford d’après son livre
musique : Vivian Kubrick
images : Douglas Milsome
décors : Anton Furst
direction artistique : Leslie Tomkins
production : Warner-Kubrick
avec Matthew Modine, Vincent D’Onofrio, Adam Baldwin, R. Lee Ermey, Ngoc Le…
–
Première partie :
l’entraînement des recrus.
— « Si vous survivez à mon instruction, vous deviendrez une arme, vous deviendrez un prêtre de la mort implorant la guerre. En attendant ce moment là, vous êtes du vomi, vous êtes le niveau zéro de la vie sur terre. Vous n’êtes même pas humain, bande d’enfoirés ! Vous n’êtes que du branlomane végétatif, des paquets de merdes d’amphibiens, de la chiasse ! »
— « Oui Chef ! »
–
Deuxième partie :
war is beautiful on the silver screen.
Le soldat s’ennuie, il a peur. Il est là, vivant, et puis il n’est plus là. Mort.
–
Le quatrième film de guerre de Kubrick est un peu le mal aimé de sa filmographie. Même certains fans font la moue.
Une usine géante abandonnée dans la banlieue de Londres, 200 palmiers espagnols, 1000 plantes tropicales artificielles de Hong Kong : Welcome to Vietnam!
Abstrait, froid, clinique, etc. : Stanley a toujours droit à la même rengaine paresseuse.
Full Metal Jacket, c’est un peu ce à quoi aurait ressemblé un film de Friedrich Nietzsche si il avait opéré dans le show business. Le mariage de la carpe et du lapin. Art et industrie. Un pur spectacle de Troie qui ne quittera plus jamais votre cerveau.
« La sensation de l’expérience est la chose la plus importante, non la capacité à la verbaliser ou à l’analyser. » F. N.
— De l’art cinématographique, tas de punaises ! Est-ce bien clair ?
— Oui Chef !
Un cartoon très triste.
La guerre, brute.
–
Goodbye Afghanistan.
3
L'ANGUILLE
▎Shōhei Imamura
UNAGI
1997 – Japon – 35mm 1:85 – vostfr – 117 min.
image : Shivery Komatsubara
musique : Shinichirô Ikebe
avec Kôji Yakusho, Misa Shimizu (après cette première collaboration, Imamura ne fera plus de film sans elle.)
–
Impensable de raconter le début.
Après, il y a un homme qui sort de prison avec son anguille apprivoisée, sa confidente. Libéré, il ouvre un petit salon de coiffure, dans une zone industrielle en friche, non loin de Tokyo. L’endroit devient un peu la cour des miracles, le refuge d’exclus de toutes sortes… Il y aurait aussi des ovnis… peut-être.
Imamura est au sommet de son art. Acrobate, il joue sur tous les registres, les tons, les nuances.
C’est aussi déconcertant que la vie est absurde. C’est du fantastique surréaliste, du réalisme néo-burlesque. C’est sanglant. C’est un peu le cinéma italien des années 60 projeté dans le Japon de la fin du millénaire dernier.
Palme d’or 1997, le festival de Cannes aurait peut-être du s’arrêter là.
4
LA VENGEANCE EST À MOI
▎Shōhei Imamura
1979 – Japon – 35mm – vostfr – 140 min.
scénario : Shōhei Imamura d’après un livre de Ryûzô Saki / image : Shinsaku Himeda
musique : Shinichirô Ikebe
avec Ken Ogata, Rentarô Mikuni, Chôchô Miyako, Mitsuko Baishô, Mayumi Ogawa…
–
Après 4 documentaires, Imamura adapte une histoire vraie.
Janvier 1964, la, police arrête enfin Iwao Enokizu, escroc et tueur en série.
Construction spatio-temporelle échevelée, le film retrace les 78 jours qui séparent le premier crime de la capture d’Iwao.
Japan Psycho.
Ce film n’est pas une sorte d’enquête policière. Ce film n’est ni troublant, ni sensuel, sexuel ou cruel. Ce film n’arrache aucun masque. Ce film ne zigouille personne à la lumière crue du jour. Ce film n’est ni anthropologue, ni entomologiste. Ce film n’envisage pas l’idéal nippon de tranquillité et de prospérité comme une bouffonnerie. Ni inconfortable, ni anar, ce film n’arrive jamais à être un diamant noir et sang.
En vérité, La vengeance est à moi est tout cela + 10 autres films. On ne sait plus où donner de la tête.
VistaVision brûlant made in Japan, il vous laisse le champ libre et seul à seul avec Dr Jekyll et Mr Hyde.
5
L’HÉROÏQUE LANDE • LA FRONTIÈRE BRÛLE
▎Nicolas Klotz & Élisabeth Perceval
2018 – France – DCP – 219 min.
image : Nicolas Klotz / Son : Nicolas Klotz
musique : Rihanna, Chritophe, Ulysse Klotz, etc… / production : Shellac, Mata Atlantica, Stempel Films
–
Jungle de Calais. L’Héroïque Lande raconte cette ville, ses rues, ses habitants, leurs rêves, danses, joies, peines, savoirs, peurs, passés… Tout ce que notre monde trop vieux, trop lourd, n’est pas capable d’accueillir.
La vie surgit de la boue. Un monde futur et en même temps très ancien.
Hallucinant. Bateaux phares.
Plage laiteuse.
Café-restaurant le White Mountain.
Smartphone sound system.
Camp. Zone. Et la réponse de l’État : on détruit. On détruit l’avenir ?
Du cinéma. Aérien.
Une sacrée Odyssée de 3h39 qui n’exploite personne et aide à concevoir ce qui n’est, pour beaucoup d’entre nous, qu’informations, sables mouvants.
C’est Calais mais cela pourrait être ailleurs.
C’est drôle et triste, musical et multilingue.
C’est un voyage avec entracte.
Welcome.
6
PROFIT MOTIVE AND THE WHISPERING WIND
▎Nicolas Klotz & Élisabeth Perceval
2007 – États-Unis – prises de vue : 16mm – projection : DCP – vostfr – 57 min.
production : Traveling Light Productions
–
Filmé à travers les États-Unis sur une durée de plus de trois ans, Profit Motive… est une méditation visuelle sur l’histoire progressiste du pays à travers ses cimetières, pierres tombales, panonceaux, épitaphes, monuments cachés.
On traverse 400 ans d’histoire en suivant le guide : Howard Zinn et son Histoire populaire des États-Unis.
« Parce que les choses sont comme elles sont, les choses ne resteront pas comme elles sont. »
Un petit poème filmique sur ceux qui ont fait leurs ces mots de Brecht et que l’histoire officielle a oubliés.
7
OS CORPOS
▎Eloy Domínguez Serén
2020 – Espagne – DCP – 11 min.
–
Chaque année, dans plusieurs villages de la province d’Ourense (Galice, Espagne), se tient un carnaval qui compte parmi les plus anciens au monde. Des milliers de gens s’entassent, bondissent, dansent, se poussent, se bousculent… Le spectateur est la caméra en immersion sans barrière sanitaire.
8
LES STATUES MEURENT AUSSI
▎Alain Resnais, Chris Marker & Ghislain Cloquet
1953 – France – 35mm N&B – sonore – 30 min.
voix-off : Jean Négroni / musique : Guy Bernard
production : Présence Africaine & Tadié Cinéma
–
« On nous avait commandé un film sur l’art nègre°. Chris Marker et moi sommes partis de cette question : pourquoi l’art nègre se trouve au Musée de l’Homme, alors que l’art grec ou égyptien est au Louvre ? »
Alain Resnais
Le film ne tergiverse pas : la colonisation fut un bulldozer qui écrase tout sur son passage.
Histoire, rites, cultes, musiques : les conquérants n’ont rien voulu savoir.
Décolonisation ? En 1953, on l’évoque du bout des lèvres. On fait interdire puis raccourcir ce film. Et aujourd’hui, déboulonnées ou volées, les statues meurent aussi.
Un film rare (en salle), projeté pour la dernière fois dans son format original.
–
° Big bang formel pour de nombreux artistes occidentaux du XXe siècle.
–
Remerciements : Présence Africaine, IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine).
9
PROGRAMME ETHNO-AFRIQUE
AFRIQUE-SUR-SEINE
▎Paulin Soumanou Vieyra & Mamadou Sarr
1955 – France – 16mm N&B – sonore – 21 min
image : Robert Caristan
production : Groupe africaine cinéma
avec Marpessa Dawn, Philippe Mory, Paulin Vieyra, Annette M’Baye
Ce film raconte la vie d’étudiants africains à Paris, leurs rencontres et la nostalgie qu’ils éprouvent loin de leur terre natale. L’Afrique est-elle aussi sur les bords de la Seine ou au Quartier latin ? L’avenir est flou.
–
Béninois de naissance et Sénégalais d’adoption, Paulin Soumanou Vieyra (1925-1987) est considéré comme le précurseur du cinéma africain. Réalisateur, critique, écrivain et historien, on lui doit une trentaine de documentaires et un seul long métrage, En résidence surveillée.
–
Remerciements : l’Institut français & PSV-films (psv-films.fr/).
KALLA
▎François Villiers
1955 – France – 16mm N&B – sonore – 18 min.
Attablé à la terrasse d’un café du Quartier latin à Paris, un étudiant camerounais se remémore son enfance et la naissance de sa vocation d’ingénieur en électricité en dépit des superstitions et des traditions populaires de son village natal de Bandjoun.
Le film miroir d’Afrique-sur-seine.
MAIS OÙ SONT LES NEGRES D’ANTAN ?
▎Michel Boschet & André Martin
1962 – Fr. – 16mm couleurs – sonore – 16 min.
Film d’animation, Prix Émile Cohl 1963.
Un ethnographe en voyage dans un village d’Afrique enregistre sons et musiques locales. De retour en France, ses enregistrements deviennent à la mode et le rendent riche et célèbre. Un jour, le chanteur africain qui a été spolié vient réclamer sa part…
YENENDI, LES HOMMES QUI FONT LA PLUIE
▎Jean Rouch
1951 – Fr. – 16mm couleurs – sonore – 25 min.
Cérémonie rituelle du Yenendi, la fête de la pluie, chez les Songhaï du village de Simiri, au Niger.
À l’appel des batteurs de calebasses et du violon, les danses de possession commencent. Un à un les génies « enfourchent leurs chevaux » : Moussa, génie du vent, Niaberi, déesse de la terre, Sadyara, l’arc-en-ciel, Tyirey, maître de l’éclair, Hausakoy maître du feu du ciel, et Dongo, maître du tonnerre et de la pluie.
« Le cinématographe dans l’un de ses meilleurs rôles. » R. R.
10
PROGRAMME ETHNO-TRANSE
TENDER FEET
▎Fern Silva
2013 – États-Unis/Portugal – 16mm couleur – sonore – 10 min.
Calendrier maya : 2012, forêts calcinées, paysages arides, étoiles filantes, bombes à retardement… Les panneaux de signalisation prédisent le futur et ce road movie ira jusqu’au bout.
LES MAÎTRES FOUS
▎Jean Rouch
1955 – Fr. – 16mm couleurs – sonore – 36 min.
montage : Suzanne Baron
son : André Cotin, Ibrahima Dia, Jean Rouch, Damouré Zika
Ce documentaire illustre les pratiques rituelles de la secte religieuse Hauka pratiquées par les immigrés pauvres d’Accra (Ghana). Ces rites consistent en l’incarnation par la transe des figures de la colonisation (le gouverneur, la femme du capitaine, le conducteur de locomotive, etc.) et s’organisent autour d’une confession publique, de chorégraphies frénétiques et de sacrifices d’animaux.
Vous avez du mal à vous adapter à ce « monde moderne occidental » : ce rituel est pour vous.
Un petit chef-d’œuvre à voir et à revoir très régulièrement sur grand écran, filmé la même année que Fenêtre sur cour.
WAYWARD FRONDS
▎Fern Silva
2014 – États-Unis/Portugal – 16mm couleur – sonore – 13 min.
Floride : parc des Everglades. D’étranges manifestations annoncent une nouvelle ère géologique. Les crocodiles dorment d’un œil. Des boas envahissent les motels.
LA TARANTA
▎Gianfranco Mingozzi
1962 – Italie – 35mm N&B projeté en 16mm – sonore – 18 min.
image : Ugo Piccone
musique : Diego Carpitella
production : Panthéon Film
L’été 1961, Gianfranco Mingozzi se rendit à Galatina, dans les Pouilles, pour y filmer les possédées de la tarentule. « Maladie » causé par la morsure d’une araignée ? « Hystérie » convulsive ? Danse ? C’est par la musique que les soins opèrent.
« Nous étions presque dans une condition optimale (sans une équipe) car, selon l’idée de Jean Rouch, c’est la bonne manière de faire un film ethnographique parfait. » Perfetto.
11
L'ARBRE AUX SABOTS
▎Ermanno Olmi
L’ALBERGO DEGLI ZOCCOLI
1978 – Italie – 35mm projeté en 16mm – vostfr – 186 min.
réalisation, scénario, lumières, montage : Ermanno Olmi
musique : Bach / pellicule : Gevacolor
avec Luigi Ornaghi, Francesca Moriggi, …
–
La vie quotidienne et les rites communautaires de plusieurs familles de métayers réunies dans une ferme lombarde, entre l’automne 1897 et l’été 1898.
Olmi s’inspire des histoires que lui racontait sa grand-mère. Il tourne pendant un an dans des décors réels, avec des paysans dans les rôles de leurs ancêtres et parlant leur dialecte (le film fut sous-titré en Italie).
La fidélité absolue à la vérité historique et l’exactitude ethnographique nous offrent la chance de vivre des temps révolus. Ni révisions, ni idéalisation.
Il y a plus d’un siècle, nos aïeux étaient aussi un peu ceux-là. Une civilisation terrienne vivant au rythme des saisons, des lumières, des luttes et des rites : se marier, naître, planter des graines, conduire du bétail, tuer le cochon, raconter des histoires à la veillée… Une communauté tenue sous la bonne garde du propriétaire et du curé.
12
VITTORIO DE SETA • PROGRAMME 35MM
VITTORIO DE SETA est né en 1923 à Palerme (Sicile) dans une famille aristocratique d’origine calabraise. Après avoir étudié l’architecture à Rome, il achète une caméra et pendant 5 ans, de manière totalement indépendante, il écrit, photographie, monte et sonorise 10 petits chef-d’œuvres du cinéma documentaire, tous tournés en Ferraniacolor (un procédé italien concurrent du Technicolor).
De Seta déploie une expérimentation visuelle et sonore à mille lieux des « documentaires engagés » informes, bavards (la parole pour seul credo esthétique) et dégoulinant de musique dont la source semble ne jamais se tarir. Il est au diapason du monde qu’il filme. Celui, âpre et rude, des classes populaires d’un Sud méprisé par le Nord.
Quelque part entre Ford et Eisenstein, lumière et crépuscule d’un mode de vie ancestral.
—
Un grand merci à la Société Française d’Anthropologie Visuelle (sfav.fr) qui à rendu cette programmation possible.
—
Les films de Vittorio De Seta seront tour à tour présentés par Cécile Gouy-Gilbert (ethnologue – SFAV) et Jacopo Rasmi (enseignant-explorateur).
PASTORI A ORGOSOLO
LES BERGERS D’ORGOSOLO
1958 – Italie – 35mm couleur – 10 min.
Le mont Orgosolo en Sardaigne est un ancien repaire de brigands et d’évadés. En 1958, quelques rares bergers mènent leurs troupeaux de chèvres et de moutons au cœur de ce territoire d’une extrême rigueur. Ce tournage inspirera à De Seta son premier long métrage de fiction, Bandits à Orgosolo (1961).
I DIMENTICATI
LES OUBLIÉS
1959 – Italie – 35mm couleur – 17 min.
La route qui mène à Alessandra des Carretto, en Calabre, s’arrête brutalement et il faut parcourir quinze kilomètres à pied pour atteindre ce village perdu. C’est là que se déroule la fiesta dell’abeta (« la fête du sapin »).
13
VITTORIO DE SETA • PROGRAMME 16MM
LU TEMPU DI LI PISCI SPATA
LE TEMPS DE L’ESPADON
1954 – Italie – 35mm projeté en 16mm – 10 min.
À l’arrivée des beaux jours, les hommes partent à la pêche dans le détroit de Messine, entre la Sicile et la Calabre, là où l’espadon vient déposer ses œufs. L’attente, puis la vitesse d’enchaînement des plans, le jeux des perspectives, jusqu’au vertige de la pêche qui sera fêtée le soir par des chants et des danses.
PASQUA IN SICILIA
PÂQUES EN SICILE
1956 – Italie – 35mm projeté en 16mm – 8 min.
Dans les régions de Messine, Caltanisseta et Enna, à San Fratello, Della et Aidone, les villageois se retrouvent chaque année pour célébrer Pâques. Le vendredi, ils reconstituent la mort et la résurrection du Christ, puis ce sont les grandes processions du dimanche.
SURFARARA
SOUFRIÈRE
1955 – Italie – 35mm projeté en 16mm – 9 min.
À cinq cent mètres sous terre, à peine protégés, mal équipés, les mineurs s’épuisent à extraire le souffre des entrailles de la terre. La puissance des cadres et des raccords !
PESCHERECCI
BATEAUX DE PÊCHE
1958 – Italie – 35mm projeté en 16mm – 10 min.
Une journée de pêche dans la vaste zone maritime qui s’étend de la Sicile à l’Afrique. À la nuit tombée, les pêcheurs jettent l’ancre aux abords de l’île de Lampedusa. L’orage éclate.