Othello • Orson Welles

Othello

▎Orson Welles

LA TRAGÉDIE D’OTHELLO : LE MAURE DE VENISE
d’après William Shakespeare
1951 – États-Unis/Italie – 35mm film – N&B – 1.37:1 – mono – VOSTFR – 89 minutes
de Orson Welles
photographie : Anchise Brizzi, Aldo Graziati
décors : Alexandre Trauner
avec Orson Welles, Micheal Macliammoir, Suzanne Cloutier, Robert Conte…


Venise.
Le film commence avec les funérailles du Maure Othello, général victorieux au service de la sérénissime, et de Desdémone. Elle n’avait jamais cessé de l’aimer. Jamais. Mais…
« Je crois en l’existence de ce que désigne le mot le plus démodé du monde, c’est-à-dire le mal (…). Il y a des démons dans l’air, vous savez. » Ici, le mal s’appelle Iago. En comparaison, les autres méchants de cinéma sont des bouffons. Ses mots valent mille poignards.

« Tourné durant près de deux ans (1949-1951), au Maroc et en Italie, dans des conditions d’improvisation constantes qui ne contribuent certainement pas peu à l’extraordinaire vitalité d’un film qui fait de la dislocation la clé de son esthétique. De même que Welles inaugurait sa carrière américaine de cinéaste en portant à son plus haut point de perfection l’esthétique du raccord qui caractérise dans une large mesure le cinéma classique (Citizen Kane), il inaugure avec Othello sa période européenne en portant immédiatement à son sommet l’esthétique du non-raccord qui gouvernera désormais la plus grande partie de son œuvre. » Y.I.
« Pour mon style, pour ma vision du cinéma, le montage n’est pas un aspect, c’est l’aspect. (…) Le seul moment où l’on peut exercer un contrôle sur le film est le montage. » O.W.
C’est comme si le film était projeté sur un miroir brisé : la multiplicité mobile des perspectives (architecturales) étourdit. On n’ose cligner des yeux.
L’élan tragique d’Othello, sa poignante vulnérabilité, la manière dont la jalousie entre en lui, le ronge et le désarçonne… c’est aussi nous. C’est la poésie extralucide de William Shakespeare.

Chantons le saule, le saule, le saule.
Ses larmes coulaient amères,
Attendrissaient les rochers

Chantons le saule vert
Que ses feuilles soient ma couronne