ANNICK BOULEAU
PASSAGE DU CINÉMA, 4992 - VERSION EXPOSÉE
▎résidence du 8 au 14 septembre 2015
La version exposée, dispositif temporaire présenté au Granlux tire son existence de la version filmée 3 projetée dans le cadre de RABBIA ECCETERA, une programmation autour du fragment. [Gran Lux – session de visionnage 36]
Pas de version filmée 3 ? pas de version exposée ! mais sans livre, pas de version filmée !
Une chaîne donc, de formes-signes hétérogènes qui s’interprètent mutuellement selon leur ordre d’apparition. Et tout cela va être perturbé par l’arrivée du visiteur et de ses déambulations.
De quel objet ces formes-signes sont-elles(ils) le signe ?
Certes, ils(elles) ont en commun un sujet (comme on dit le sujet de la phrase) : Le titre « Passage du cinéma, 4992 ». Mais ce serait comme une phrase sans verbe…
Et de quoi cela traite-il ? Cela parle de quoi ?
Du passage du cinéma (comment on dit : j’ai vu passer le Tour de France) ? De ce qu’il se passe (il se passe quelque chose, un signe, un indice) dans le cinéma ? D’un lieu qui serait sis à cette adresse, passage du cinéma, 4992 ? Quoi d’autre encore ?
Au sol de la salle Spirit du Gran Lux, une bande-ruban de peinture blanche borde, délimite (sans le séparer de l’espace de la salle : ce n’est donc pas une frontière) un grand losange traversé en diagonale par une ligne de mots, comme la flèche du cœur sur les murs ou les arbres de nos villes. Ces mots : VERSION TRADUCTION PASSAGE TRANSFERT INTERPRÉTATION.
La salle baigne dans le son de la voix de Tanguy Viel lisant un de ses textes Icebergs #1 « La vie aquatique », dont est tiré l’extrait monté dans Passage du cinéma, 4992 (version filmée 3). Aux quatre coins intérieurs du grand losange : posée comme un livre, sur un lutrin, une tablette numérique dotée d’un casque d’écoute pour lire/visionner/écouter les quatre versions filmées (0, 1, 2, 3).
Sur les quatre côtés du losange : 1/ Le dossier de presse d’Adieu au langage
2/ La page 22 de ce dossier, collage-montage « Le seul livre à raconter l’histoire du cinéma »
3/ Une « feuille de passe » du livre qui porte le titre Passage du cinéma, 4992, suspendue
4/ Un « cahier », déplié et suspendu, de la récente réédition du dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (1697).
La version exposée enchaîne sur l’ouverture déjà présente dans la version filmée 3 (vers la littérature avec Viel, vers l’histoire du cinéma avec Godard) en introduisant un autre champ : le graphisme, la lecture tabulaire.
Entre le collage-montage de JLG, la maquette de Passage et celle du dictionnaire de 1697, il y a des correspondances, qu’Alexandre Laumonier, qui a assuré la conception graphiste des deux livres (il est aussi l’éditeur, aux Belles Lettres, de l’ouvrage de Bayle) ne manque pas d’évoquer dans ses interventions.
Et le visiteur dans tout ça ? D’un angle à un autre, d’un côté à un autre, il est invité à entrer dans la farandole des signes pour continuer à interpréter, traduire, inventer un sens personnel à ce qui lui est proposé.
Annick Bouleau
▎installation en salle Spirit, du 10 au 15 septembre 2015