8 1/2 Federico Fellini - Marcello Mastroianni & Anouk Aimé

8 1/2

▎Federico Fellini

OTTO E MEZZO
1963 – Italie – 35mm film – N&B Ferrania – 1,66:1 – mono – VOSTFR – 138 minutes
scénario : Fellini, Pinelli, Flaiano, Rondi
photographie : Gianni De Venanzo
décors et direction artistique : Piero Gherardi
montage : Leo Cattazzo / musique : Nino Rota, Rossini, Wagner… / producteur : Angelo Rizzoli
avec Marcello Mastroianni, Anouk Aimé, Sandra Milo, Claudia Cardinale, Barbara Steele…


Guido est un cinéaste en panne d’idées. Il s’est réfugié dans un établissement thermal pour tenter de reprendre pied. Seul ? Non. Tout et tous s’invitent et ajoutent à la bella confusione (le beau désordre) : amis, producteurs, souvenirs, rêves, parents, visions, religions, amours, fantasmes, critiques, enfance, magicien, impresario, muse, etc.
Mais pourquoi avoir lancé la construction du décor de cet immense astronef ?

« Souviens-toi que c’est un film comique. » : c’est la phrase scotchée par Fellini juste au-dessus de l’œilleton de la caméra de 8,5. Si « réaliser un film, c’est comme écrire Guerre et Paix dans des autos tamponneuses », et si les affres de la création en ont laissé plus d’un(e) sur le carreau… le plus grand danger pour l’artiste, c’est de se prendre trop au sérieux.
Après la Dolce Vita, fresque noire déconstructiviste de trois heures qui préfigure notre société du spectacle et remporte un succès mondial, que peut faire Fellini ? That is the question. Un autre film ? Quel autre film ? Page blanche, mon beau miroir, dis-moi quelque chose.
– Asa Nisi Masa.
– Che cosa? …Asa Nisi Masa?… Ma sì!
Alors, épaulé par ses acolytes scénaristes, une équipe technique quatre étoiles et un casting à faire pâlir l’Olympe, Fellini décide de filmer ce qui se passe dans sa tête.

8,5 est une splendeur visuelle. Les mouvements de caméra : des pensées de haute intensité. État de grâce.
La pellicule Ferrania P30 qui coule dans les veines de la caméra Arriflex IIC donne vie à une image noir et blanc encore jamais vue.

8,5 est aussi un film qui unit tous les cinéastes. Il reste le film-chiffre unique, le fétiche d’une communauté qui fait un drôle de métier.
Quant à vous, chers spectateurs, votre taux d’albumine est en berne ? Votre moral de cinéphile raplapla ? Otto e mezzo est la cure de cinéma qu’il vous faut. Suivez le guide : « Marcello ! »
Andiamo.